Par le roi des forêts en quête d’une proie,
Un voyageur fut rencontré.
Cette rencontre était-elle à son gré?
J’en doute. Une féroce joie
En sourds rugissements s’exhalait des poumons
De l’animal à la dent meurtrière.
L’homme fuit; le lion, agitant sa crinière,
Le poursuit à travers une touffe de joncs
Semés au bord d’une rivière.
Dans un autre péril notre homme s’en vint choir :
Un crocodile énorme, ouvrant sa large gueule
Pour le broyer comme un grain sous la meule,
À ses yeux effarés se laisse apercevoir…
D’autre part, le lion était à sa poursuite.
Où fuir? De peur notre homme à demi mort
Crut descendre au sombre bord.
Mais qu’arriva-t-il ensuite?
Que les deux prétendants se livrent un combat
Dont voici le résultat :
L’un et l’autre y perdit la vie,
Et tous deux chez Pluton s’en vont de compagnie
Le voyageur au Ciel offrit des vœux,
En signe de reconnaissance.
C’est ainsi que la Providence
Sauve quelquefois l’innocence,
En laissant les méchants se dévorer entre eux.
“Le Lion et le Voyageur”