Deux fleurs, l’autre matin, disputoient de beauté ;
Le lis de sa blancheur faisoit grand étalage,
Et la rose, avec vanité,
Disoit qu’à son éclat tout devoit rendre hommage.
A l’entendre, elle étoit le chef-d’œuvre des dieux.
Pour le lis, se croyant l’ornement de la terre,
Il ne trouvoit rien sous les cieux
Plus que lui capable de plaire.
Pendant ce débat important,
Près de ces fleurs, la violette
Emailloit du jardin le tapis verdoyant,
Ne disoit mot, et parfumoit l’herbette.
De leur éloge et de leur différent
Un vieux tilleul impatient
N’attendit pas le reste.
Je préfère, dit-il, la violette à vous ;
Elle exhale en tous lieux des parfums aussi doux,
Et, qui plus est, elle est modeste.
“Le Lis, la Rose et le Tilleul”
- La Marquise de la Ferrandière, 1736 – 1819