C’est à tort que le cœur diffère du langage.
Un loup que la faim pourchassait,
Vit un troupeau dans un frais pâturage :
« 0 fortune, dit-il, tu me sers à souhait!
Au destin rendons grâce,
Et choisissons pour nous la brebis la plus grasse, »
Il comptait sans son hôte. Un énorme mâtin,
Le cou bardé de fer et la gueule enflammée,
Exhalant de ses flancs la colère allumée,
A ses desseins pervers accourt pour mettre un frein.
Ce loup n’était pas un novice.
Ayant fouillé dans son sac à malice,
Il dit : » Par amour du prochain ,
Je venais délivrer cette gent imbécile
Du joug de ses oppresseurs. »
Le chien lui répondit : « Ta ruse est fort habile,
Mais de mauvais aloi ; va la porter ailleurs. »
“Le Loup et le Chien”