En paix, car tous les deux avoient mangé leur saoul,
De compagnie alloient le Renard et le Loup.
Un ennemi survint, homme ou bête, il n’importe.
Sire Renard trouvant la partie un peu forte,
S’enfuit dans son terrier heureusement voisin.
Heureusement, à son sens, beaucoup d’autres
Jugeroient ce recours dangereux ou mesquin.
Témoin ce Loup. « Ami, mes pénates sont vôtres,
Lui dit en vain le courtois compagnon ;
» Si vous entrez dans ma maison,
» Sur le danger présent bannissez toute crainte,
» Car jamais l’ennemi, fût-il diable ou devin ,
» De ce zig-zag peut-il sonder le labyrinthe ! »
L’ami Loup aima mieux disputer le terrein.
Sa défense fut noble, et sa retraite habile.
Les assaillants, confus de perdre un tel gibier,
Jurent que le Renard pour tous deux doit payer,
Et le forcent bientôt dans son dernier asile.
Ne vous fiez pas aux remparts
De ces forts qu’on dit imprenables ;
Braves guerriers, en cas semblables,
Soyez Loups plutôt que Renards.
“Le Loup et le renard”