Jean-Jacques Porchat-Bressenel
Un Loup, pour ses péchés sans doute,
Avait grand mal aux dents« Il en poussait des cris.
Un sien frère accourt, et, surpris.
Quelque temps l’observe et l’écoute.
« Mais, mon cher, lui dit-il, vous avez donc la goutte? —
Hélas! dit l’autre, c’est bien pis.
Ferais-je tant de bruit pour une bagatelle?
Je souffre des douleurs, je crois, la plus cruelle.
J’ai mal aux dents ; plaignes mon sort ,
Et priez le ciel pour ma mort. »
Plus tard le même Loup, malade,
Du même Loup fut visité.
« Encor des cris, mon camarade !
Ce mai ne vous a pas quitté ? —
Plût à Dieu ! dit le pauvre sire.
Une dent nous tourmente? On l’arrache; on guérit,
Mais la migraine est cent fois pire. »
Mal présent n’est jamais petit.
“Le Loup malade”