Un loup à l’agonie,
Sur sa longue et coupable vie,
Jetant un pénible regard,
Dit au renard
Qui l’exhortait à faire pénitence :
« Si j’ai mangé quelquefois des moutons,
J’ai souvenance
De plusieurs belles actions,
Entr’autres, celle-ci : certain agneau timide,
Un jour, de moi s’est approché,
Si près, si près, qu’un chien, sur le gazon couché,
N’aurait pu le soustraire à ma dent trop avide :
J’épargnai l’innocent.
Le lendemain, j’ai même avec indifférence
D’un bélier, cette fois, provoquant ma vengeance,
Supporté les grands airs et le ton menaçant. »
— « Oh ! reprit le renard, je connais cette histoire ;
Elle te fait honneur ;
Mais, par malheur,
Certain os t’empêchait de manger et de boire. »
“Le Loup mourant et le Renard”