Au beau milieu d’un traquenard
Un loup se jeta d’aventure,
Il y fut pris : bonne capture !
Survient Robin mouton, qui passait par hasard.
Alors, forcé d’être hypocrite,
Avec un ton de chattemite
Le loup, pour la première fois
Adoucissant sa grosse voix :
– Mouton mon fils, mouton mon frère,
Mouton mon ami, mon compère,
Crois-moi, je t’ai toujours aimé.
Je suis un pauvre loup captif et désarmé,
Tire-moi de ce maudit piège !
– Quand je le voudrais, le pourrais-je ?
Dit l’autre ; je n’en ferai rien
Quand même : je te connais bien.
Dis, n’as-tu pas croqué ma mère ?
– Pas tout à fait… à peine… il s’en faut de beaucoup.
– Si ce n’est toi, c’est donc ton frère !
A mon tour, compère le loup :
Quand vont venir les chiens, fais-leur doléance.
Ah ! tu croyais que le plus fort
A toujours raison quand il mord !
On te mordra, prends patience.
D’audace et de pouvoirs qu’un méchant soit armé,
Quand l’heure sonne, il faut qu’il expie et qu’il meure.
Et la raison de l’opprimé
Devient tôt ou tard la meilleure.
“Le Loup pris au piège”