On dit qu’un jour, contre un prévôt de sale
Un jeune écolier s’exerçoit,
Et que son chien, qui vit que l’autre le poussoit
D’une manière un peu brutale,
Vint à se fâcher tout de bon:
Quoi donc! s’écria-t-il, le traître
Ose ainsi maltraiter mon maître !
Oh ! je saurai bien , moi, le mettre à la raison.
Il dit, & sur mon brave aussi-tôt il s’élance;
Le mord, le tiraille, l’abat,
Et fait si bien, joignant la ruse à la vaillance,
Qu’il a tout l’honneur du combat.
Que ceci soit histoire ou fable,
La leçon est le point qu’il faut envisager.
L’exemple de ce chien fidele & secourable
Nous prouve clairement que l’ombre du danger
Suffit pour allarmer un ami véritable.
“Le Maître d’armes , l’Ecolier et le Chien”
Le fablier françois, ou élite des meilleures fables depuis La Fontaine ; Par Louis-Théodore Herissant – 1771
Claude Fleury – 1640 – 1723