Eugène Mazelle
Homme de lettres et fabuliste XIXº – Le Manoir et le Télégraphe
Parfois sur les débris d’un noble et vieux manoir,
Au faîte de sa tour gothique,
Vos yeux choqués ont vu certaine mécanique
Qui, dans le monde politique,
Transmet par cent signaux les secrets du pouvoir…
Ce spectacle a froissé vos instincts de poète !
Quoi! cette tour guerrière où sonnait le beffroi,
D’où la trompe d’alarme au loin jetait l’effroi,
Où le vassal bandait sa mortelle arbalète,
Cette tour qui soutint de vingt assauts l’effort,
»Sert aujourd’hui de vil support
A l’ennuyeuse manivelle
Qui meut ses bras de bois au gré d’une ficelle ! »
Hélas ! tout se transforme et dégénère ainsi,
Et c’est à nous surtout que s’applique ceci :
Combien n’a-t-on pas vu, dans nos phases publiques,
De fiers marquis, de ducs, nobles débris gothiques,
Pour de gros traitements, des cordons, des emplois,
Mentant à leurs aïeux, à leur nom, leurs exploits,
Sous la main du pouvoir devenir mécaniques :
Se laisser gouverner par les (ils politiques
Qu’un ministre tient dans sa main,
Appuyant aujourd’hui de honteux paragraphes,
S’abstenant à propos au vote de demain….,
…. Manœuvrer, en un mot, comme vrais télégraphes
Eugène Mazelle