J’ai tout ce que l’on peut désirer ici-bas :
Richesse, honneurs, plaisirs, puissance,
Sauf le bonheur qui fuit mes pas ;
De le trouver jamais, j’ai perdu l’espérance!
En vain je cherche le bonheur,
Je sens toujours au fond de l’Âme
L’ennui, cet affreux ver rongeur !
Encor plus brûlant que la flamme
Ou que le plus cuisant chagrin ! »
En ces mots, un millionnaire,
Tout haut, déplorait son destin.
Chaque jour entendait répéter ce refrain.
Un bon vieillard lui dit : « Mon frère,
On ne le verrait pas le front si soucieux
Si lu savais aimer tes voisins malheureux.
Ami, sors du château, visite la chaumière.
Va semer là quelques bienfaits,
On te bénira comme un père ! »
L’égoïste, à la fin, succombe sous le faix
De l’ennui, ce fléau de tout homme inutile :
Mal affreux qui sévit aux champs comme a la ville ;
Mais l’ennui n’attaque jamais
L’homme de bien qui sait qu’on l’aime,
Car se sentir aimé, vaut mieux qu’un diadème !
“Le Millionnaire et le Vieillard”