En Crète il était autrefois
Un vaste labyrinthe aux lugubres parois,
Dans ses nombreux sentiers régnait le Minotaure.
Pour apaiser sa rage et sa férocité
Et conjuguer son aspect redouté,
Chaque année on livrait au hideux carnivore
Cent vierges aux charmes naissants
Sur qui s’assouvissaient sa fureur et ses sens.
En vain de hardis jeunes gens
Avaient cent fois tenté d’en délivrer la terre :
Toujours ils s’égaraient dans les mille détours
De ce lieu solitaire,
Et, vaincus par la faim, ils succombaient toujours.
Or, l’un d’eux, un héros, Thésée,
Qu’embrase une ardente pensée,
S’arme du glaive aussi, prend un fil conducteur,
Et, beau d’audace et de valeur,
Il part et découvre la trace
Du monstre destructeur,
L’attaque et le terrasse,
Et sur son cadavre sanglant
Pose un pied triomphant.
Ce Minotaure, c’est l’image
Des oppresseurs des nations
Qui, — toujours dévorés de la soif du carnage,
Toujours inassouvis dans leurs exactions, —
Étouffent chaque effort de la démocratie
Dans le dédale obscur de leur diplomatie.
Mais un jour, jour prochain, un peuple valeureux,
Guidé par le Socialisme
Et, rejetant le joug de tyrans odieux,
Foulera sous ses pas d’un pied victorieux
Le cadavre du despotisme !
“Le Minotaure”