Joseph POISLE-DESGRANGES
Une douce hirondelle, hélas !
Avec un moineau franc furent pris dans des lacs.
Et l’oiseleur les mit en cage.
Une hirondelle, quel dommage !
Ah! Pourquoi la priver du nid
Qui fut son modeste héritage ?
Du nid que le temps rembrunit
Et qu’elle aime à revoir en visitant la plage.
Pourquoi ?… Mais la pitié ne fait pas d’oiseleurs.
La pauvrette entendant ses sœurs
Qui du pays partent sans elle,
Les suit des yeux sous l’horizon.
Tantôt pressant son corps ou déployant son aile,
Elle s’abîme en sa prison.
Et, ne pouvant répondre à la voix qui l’appelle,
Elle fait un dernier effort :
Sur son grillage l’hirondelle
S’élance… et se donne la mort.
Le moineau la regarde et déplorant son sort,
Ainsi que son peu de courage,
Il saisit dans son bec le barreau le moins fort
Qui le retient dans l’esclavage ;
Il l’écarte… il l’écarte et trouve enfin passage.
Jamais dans le malheur n’invoquons le trépas,
La présence d’esprit sauve d’un mauvais pas.
“Le Moineau et l’Hirondelle”