Pendant que Jean Mouton broutait dans la prairie,
Survint un loup. Il fallut se cacher
Ou consentir à se voir accrocher
Au croc de la bête en furie.
Quand de cette manière un problème est posé,
Le résoudre est toujours aisé.
Aussi notre ami Jean, coureur assez agile,
S’en alla-t-il bien vite, et sans le trompetter,
Dans un buisson touffu se chercher un asile,
Près duquel le larron passa sans s’arrêter.
Dès que le loup fut loin, Jean quitta sa retraite ;
Mais Dieu sait comme il en sortit !
Les buissons ne font pas crédit.
Il fallut qu’à l’instant Jean payât sa cachette
De la moitié de sa toison,
Et que, tout stupéfait, il gagnât la maison.
Buissons ! buissons ! toujours avides d’honoraires,
Combien de temps encor de vos frais usuraires
Rendrez-vous, dites-moi, les moutons tributaires ?
Sans les tondre aux trois quarts, jamais ne saurez-vous
Les protéger contre les loups ?
“Le Mouton et le Buisson”