J’ai lu dans quelqu’auteur , qu’en un beau jour d’été ,
Un agneau s’était écarté
De sa mère et du pâturage ;
On aime à trotter, à cet âge.
Soudain le ciel se couvre , un orage survient.
Que fera l’animal timide ?
Où se mettre a l’abri de l’élément perfide
Qui menace ses jours ? Un buisson le prévient ;
Il l’appelle , le sollicite ,
Et, d’un air de bonté, l’invite
A se gîter sous ses rameaux.
Viens , je t’offre, mon fils , une retraite utile ,
Contre la violence et le péril des eaux ;
En pareil cas , c’est moi qui sers d’asyle
A tes confrères les agneaux ;
Viens , dis-je. Celui-ci, trop simple et trop facile,
D’ailleurs ne pouvant faire mieux ,
Se jette dans ses bras pour éviter l’orage.
Quand le maître absolu des dieux
Eut ramené le calme dans les cieux ;
Quand le soleil eut chassé le nuage,
L’agneau remercia son hôte , le buisson ;
Mais en sortant, il laissa sa toison
Dans le bois épineux de son épais branchage.
Méfiez-vous des gens trop empressés
A vous tendre au besoin une main secourable.
“Le Mouton et le Buisson”
Duwicquet d’Ordre, Louis-Alexandre (fils). Almanach des fabulistes,… par Louis-Alexandre Duwicquet,… 1re [-2e] année. 1815.