Une maison de récente naissance
Sur un mur mitoyen avait pris son appui,
Epargnant ainsi sa dépense,
La partageant avec autrui.
Sa voisine d’abord s’empresse
De l’accueillir par mainte politesse.
« Quel bonheur pour moi de vous voir
« A mes côtés ! Ah ! de tout mon pouvoir
« Je vous assisterai. » — « Combien je suis ravie,
« Répond l’autre, avec vous d’avoir commune vie ! »
Le premier jour tout alla de concert ;
Mais, peu de temps après, la voisine commence
A demander qu’un jour lui soit ouvert,
Et d’exigence en exigence
En vient jusqu’à disputer le terrain.
Ce n’était qu’humeur et chagrin.
L’ancien hôtel aux fêtes, à la danse,
Était voué ; c’était un vacarme infernal ;
Point de sommeil : en secret, de son mal
L’autre gémit en prenant patience.
On dansa tant que la maison croula,
Et le mur mitoyen ensemble s’ébranla.
La nouvelle venue, en ce péril extrême,
N’évita qu’à grands frais d’en faire tout de même.
Voisinage souvent de guerre est l’origine.
Ne t’accote point trop sur qui ne connais pas.
L’un de l’autre bientôt, peut-être, serait las
Et sa chute pourrait entraîner la ruine.
“Le Mur mitoyen”