La montagne est aride, et, sous un ciel brûlant,
Un seul Nuage, fier de ses flocons d’argent,
Vogue avec majesté, balancé dans l’espace,
Comme un vaisseau lointain flottant sur l’Océan.
Qui des vents apaisés ne craint plus la menace.
Une Fleur desséchée, aux abords d’Ispahan,
Au Nuage qui passe, élève, suppliante,
Sa douce et languissante voix :
« Laisse tomber sur moi ton eau rafraîchissante, »
Dit la Fleur, relevant pour la dernière fois
Sa corolle pâle et mourante.
« Répands sur moi les flots dont sont chargés tes flancs.
« Dieu m’en réserve à moi comme à tous ses enfants.
« Verse quelques pleurs de rosée
« Dans mon calice : oh ! je suis embrasée!
« Nuage! un peu d’eau pour mes sœurs!
« Tu le vois bien, hélas! comme elles je me meurs »
Le Nuage orgueilleux, endurci, devint sombre!
Il s’éloigna, sans lui jeter son ombre,
Et, faute d’un peu d’eau, la pauvre Fleur périt…
Longtemps après, quelques brouillards parurent.
Et, répandant des pleurs, vers la Fleur accoururent:
Mais il était trop tard… 0 Nuage maudit!…
Ainsi le mauvais riche au malheureux Lazare
Refusa les débris d’un somptueux repas!
Aveugles orgueilleux, et vous n’ignorez pas
Que Dieu bénit le pauvre, et condamne l’avare!…
“Le Nuage et la Fleur”