Charles-Guillaume Sourdille de la Valette
Écrivain, poète et fabuliste XVIIIº – Le papillon et la chenille
Un Papillon, dans mon parterre.
Étalait ses riches couleurs ;
Il caressait toutes les fleurs
D’une aile orgueilleuse et légère.
Ah! si vous aviez vu les airs
Que se donnait ce petit-maître !
Le fat ! A peine il vient de naître,
Et Dieu pour lui fit l’univers !
Taudis qu’il s’admire, qu’il brille.
Et va promenant ses dédains
Sur tous les hôtes des jardins.
Près de lui rampe une chenille.
Il l’aperçoit : « Fi ! quelle horreur !
« Toi m’approcher ! comment ! tu l’oses ?
« Fuis, vilaine ; et, loin de mes roses,
« Cache sous l’herbe ta laideur. »
L’humble insecte lui répondit
Ce seul mot qui le confondit :
« Ainsi que moi rampait ta mère. »
Vous vantez vos biens et vos noms :
Prenez garde ! dans vos familles
Sans reproches et sans colère.
On pourrait trouver les Chenilles
D’où sont sortis les Papillons.
Charles-Guillaume Sourdille de la Valette, Le papillon et la chenille