Un papillon pompait avec bonheur
Les doux parfums de la plus belle fleur ;
Il admirait les couleurs sans pareilles
Dont son aile brillait sous l’éclat d’un beau jour,
Et se croyait une des sept merveilles :
À peine il regardait les objets d’alentour.
Apercevant une chenille
Qui rongeait, pauvre fille,
Les feuilles d’un mésier,
Du haut de son rosier,
L’orgueilleux papillon la dédaigne et se donne
L’air d’un personnage important ;
Il l’aborde en lui demandant :
— Comment va l’appétit ? La feuille est-elle bonne ?
— Quoi ! Dit-elle, vous demandez
Ce que mieux que moi vous savez ?
Naguère vous avez habité la charmille ;
Cessez, beau parvenu, cessez d’être si vain :
Nous sommes tous les deux de la même famille ;
Car papillon du soir fut chenille au matin.
“Le Papillon et la Chenille”