Joseph POISLE-DESGRANGES
Un papillon fendant la nue
Pour voltiger de fleur en fleur.
Suspendit un moment son vol et son ardeur
Auprès d’une plante inconnue.
— Permets-moi, lui dit-il, vaincu par la chaleur.
De reposer sur toi mon aile fatiguée.
J’ai parcouru les près, les bois et les vallons,
Et n’ai pas rencontré, dans tous les environs.
De fleur qui soit si distinguée.
— Éloigne-toi de moi, papillon inconstant ;
Je suis d’autre pays, je suis la sensitive
Craintive
Qu’un rien peut flétrir à l’instant.
Je ne saurais porter le bout de ton antenne,
Tout m’offense, m’irrite et ton contact me gêne;
Je frissonne au toucher de la plus blanche main
Et ne puis endurer le moindre souffle humain.
— Ah ! Dit le papillon, que je vous plains, ma chère !
Et combien vous devez souffrir !
Quand on est ainsi faite, il vaudrait mieux mourir,
Ou retourner chez soi pour vivre solitaire.
Trop de susceptibilité
Nous ôte l’amabilité.
“Le Papillon et la Sensitive”