(Yriarte)
La Pariétaire et le Thym
Habitoient le même jardin ;
Celle-là, selon son usage,
Tapissoit les murs de l’enclos ;
L’autre, plus modeste et plus sage,
Se contentoit d’en border les carreaux.
L’herbe grimpante, un jour, lui dit ces mots :
« Thym mon ami, c’est bien dommage
« Qu’exhalant un parfum si doux,
» Tu sois contraint de ramper sur la terre
» A côté des aulx et des choux,
» Tandis que parmi ceux que ce jardin enserre,
» Beaucoup d’arbustes sans vertu
» Étalent dans les airs leur feuillage touffu,
» Et te couvrent d’une ombre altière. »
« J’aime à vous voir sensible à mon destin,
Répondit aussitôt le Thym ;
» Quittez pourtant ce souci, ma commère.
» Je suis petit ; mais ma propre vigueur
» Suffit pour m’élever à ma juste hauteur,
» Et me fait dédaigner toute grandeur précaire
» Que l’on doit à l’appui d’une force étrangère. »
“Le Pariétaire et le Thym”