Quoique pieds nus, et couchant sur la dure,
Disait un pauvre pèlerin,
Je veux poursuivre mon chemin
Sans adresser au ciel ni plainte ni murmure.
En passant sur un pont il vit un mendiant
Qui sans relâche, et tour à tour priant
Notre Sauveur et sa mère Marie,
En montrant sa jambe meurtrie,
Criait : Prenez pitié de ce pauvre affligé ;
Vous voyez que le sort ne l’a pas ménagé :
Dans la plus affreuse bataille
Son pied fut emporté par un coup de mitraille.
Ceci fit répéter au pauvre pèlerin :
Je veux poursuivre mon chemin
Sans adresser au ciel ni plainte ni murmure :
On est plus malheureux sans pied que sans chaussure.
“Le Pelerin et le Mendiant”
- Jean-Auguste Boyer-Nioche, 1788-1859