Une famille venait de se fixer définitivement à la campagne. Un jeune homme, qui en faisait partie, voulut s’adonner à l’agriculture, et demanda à son père une partie de champ dont il pût disposer, pour y planter un verger. Le père la lui ayant accordée, l’embarras du jeune homme fut de savoir de quels arbres il pourrait le composer. Il n’était pas encore agriculteur, mais seulement amateur d’agriculture ; et il risquait de faire en ceci un mauvais choix, s’il le faisait au hasard. Il recourut donc, comme de raison, à la sagesse et à l’expérience de son père, qui le tira d’embarras par les conseils suivants : « Ne précipite rien, mon fils : un verger est une plantation durable, à laquelle tu dois apporter tous tes soins. Prépare d’abord ton terrain ; cherche à connaître, cette année-ci, les meilleurs plants de la contrée ; et l’an prochain tu pourras former un verger d’arbres choisis. »
— « Oui, sans doute, dit le fils ; mais comment pourrai-je connaître les meilleurs arbres de la contrée ? »
— « A leurs fruits, répondit le père. D’ici à l’an prochain tu as le temps de les goûter tous. »
“Le Père et le Fils”