Il est certaines gens qui méprisent les pots ;
Ils en font l’emblème des sots;
Mais un Pot quelquefois donne un avis utile.
Esope en est témoin : lorsque le pot d’argile
Au pot Ce fer Tient se heurter,
Ne nous donne-t-il pas sujet à méditer?
Et quand, chez le bon La Fontaine,
Je vois Perrette avec son pot au lait,
Je pense au roi Pyrrhus, et je conclus sans peine
Qu’il faut, pour être heureux, ne faire aucun projet.
J’ai pour ces pots un respect véritable ;
Mais arrivons à celui de ma fable.
Environné par un brasier ardent.
Un petit Pot disait : ne m’échauffez pas tant.
Ah ! messieurs les Charbons, un peu moins de furie !
Reculez un peu, je vous prie,
Vous me brûlez les flancs, morbleu !
Je ne pourrai,Ou bientôt je me vengerai.
Les charbons vont leur train ; c’est assez leur coutume.
Du petit Pot pourtant la colère s’allume ;
Il frémit, il s’agite, et s’emporte en effet
Comme une soupe au lait.
En franchissant ses bords d’une belle manière ,
Le brouet se répand, tout bouillant de colère.
La cendre au même instant vole en noirs tourbillons ;
Le Pot qui reste vide est vengé des Charbons.
On souffre et l’on finit par perdre patience ;
Mais c’est-en s’épuisant que l’on obtient vengeance.
“Le Petit Pot et les Charbons ardens”
- Alexandre Coupé de Saint-Donat- 1775-1845