Joseph POISLE-DESGRANGES
Certain gourmand, mais pauvre sire.
Ayant surpris dans ses réseaux
Une carpe avec des car peaux,
Résolut de les faire frire.
Hélas! pour tout bien il n’avait
Qu’une vieille marmite en terre,
C’est dans ce vase qu’il les met,
Non sans exciter leur colère.
— Quoi! dit soudain un carpillon,
C’est dans une marmite obscure.
Qui sent encore le bouillon,
Que nous irons tous ? Quelle injure !
Pour moi, je refuse le saut.
Si la poêle nous fait défaut.
— Ta vanité, répond la mère.
Follement te fait discourir;
A quoi bon choisir la matière
Du vase où nous allons mourir ?
Ah ! qu’importe que la marmite
Soit d’argile, d’airain ou d’or,
Lorsque l’on sait qu’au dernier gite.
Le luxe est payé par la mort.
“Le Poisson qui demande la Poêle”