Un potier, né pour la sculpture,
Dans sa vocation
Ne consultant pas la nature,
Manqua sa destination.
Or, certain qu’il emporte
La concurrence, il s’établit.
Pour enseigne à sa porte,
Au lieu d’un pot de lustre enduit,
Il met des figures en terre ;
Vénus, Mars, Cupidon, *
Le maître du tonnerre.
« Je vais, dit-il, enlever les pratiques
À tous mes tristes concurrents,
Prouver qu’ils sont des ignorants,
Et les forcer à fermer leurs boutiques. »
Erreur ! les confrères prudents
Se moquent de son étalage,
Et vendent leurs pots aux passants.
L’artiste, furieux, enrage !
Pas un chez lui n’entre au passage.
Devant sa porte, un jour,
Montrant Vénus, il jure, il crie,
Et traite chacun, sans détour,
De sot, en fait de poterie.
Passe une vieille qui dit : « Des sots ?
Bon ! es-tu potier ? Fais des pots ! »
* Non présent dans l’original, il semble, pour la rime, qu’il manque à la suite un vers : “Et, Dieu du Panthéon,”, peut-être ?
“Le Potier et la Vieille”