n rat de peu de cervelle, il y en a de tels dans le inonde, las de vivre dans la solitude, se mit en tête de voyager. A peine avait-il fait quelques milles : Que le inonde est grand et spacieux ! s’écria-t-il. Voilà les Alpes, et voici les Pyrénées. La moindre taupinière lui Semblait une montagne. Au bout de quelques jours, le voyageur arrive au bord de la mer, où il y avait beaucoup d’huîtres : il crut d’abord que c’étaient des vaisseaux. Parmi tant d’huîtres toutes closes, une était ouverte : le rat l’apercevant: Que vois-je ? dit-il. Voici quelque mets pour moi : et si je ne me trompe, je ferai bonne chère aujourd’hui : là-dessus il approche de l’écaille, allongé un peu le cou, et fourre sa tête dans l’huître qui se referme tout d’un coup ; et voilà messire Ratapon pris comme dans une ratière.
Ceux qui n’ont aucune expérience du monde sont frappé d’étonnement aux moindres objets, et deviennent souvent les dupes de leur ignorance.
“Le Rat et l’Huître”