Le Renar et lés Guilan, en patois Saintongeais
In renar pû futé que quate Champagnau,
Franc keum’ lés arrachoûr de den à la Saint Kliau,
(0 n’ peut cholé d’savoér to sés nom de bapteime;
Mais cré beun qu’il était né-nativ’ de Saint-Meime),
Trottit in jor to son contan
Deusqu’à Pure dau Dérivan ,
Sus lés trace d’ine levrâche
Qui li semblit b’n in p’tit faurâche.
Nout’ chassour ne peurnit ni liève ni lieuvrâ;
I n’attrapit q’dés cayetâ.
Ah ! si fait beun ! diâbe me gale,
‘Lattraptt otout la fringale.
Bref, i s’arreite to capot,
Décrotan sés bignon, faut’ d’empli son jabot.
I bikle, met sés euil et teurche, teurche, agare,
De coûté, peur davan et dare,
Tan qui r’luquit finaleman
Ine traye de biâ guilan.
I se lancit keume ine éloèse,
Peux fazit dés soû d’ine toése,
Dés soû d’mouton, dés cormusià.
Se démeunit keume in osiâ,
Sans qu’i peuge y coté. Chaudrit, mou keume cére,
Finaleman noute compère
Dissit : « Abeurnuntio ! je piain qui lés arat ;
Lés silugein disan qu’o doun’ le cholérat.”
Le bigre se mettit à croqué de la paye,
Keum’ s’il avait oyut arripé tieû rasin.
Ne fazit-i pas meû que d’brayé keum’ in knaye,
Quand o li prend in eveurdin ?
“Le Renar et lés Guilan”
Le Renard et les Raisins (traduction)
Un renard, plus rusé que quatre Champagnaux,
Franc comme les arracheurs de dents à la Saint-Claude
(Il importe peu de savoir tous ses noms de baptême,
Mais je crois qu’il était natif de Saint-Même)
Trotta un jour son content t
Jusqu’aux bords du Dérivant.,
Sur les traces d’une hase
Qui lui sembla bien un peu sauvage.
Notre chasseur ne prit ni lièvre, ni levreau ;
Il n’attrapa que des éclaboussures de boue.
Ah ! si bien, que le diable me frappe d’un bâton !
Il attrapa aussi la fringale.
Bref, il s’arrête tout capot,
Nettoyant ses éclaboussures, faute d’emplir son estomac.
Il lorgne, met ses lunettes et cherche, cherche, voyez-vous,
De côté, devant et derrière.
Tant qu’il découvrit à la fin
Une treille de beau raisin.
Il s’élança comme un éclair,
Puis fit des sauts d’une toise,
Des sauts de mouton , des culbutes,
Se remua comme un oiseau,
Sans pouvoir y toucher. Accablé, mou comme cire,
A la fin notre compère
Dit : « Abrenuncio. Je plains celui qui les aura ;
« Les médecins disent que ça donne le choléra. ”
Le bigre se mit à croquer de la paille,
Comme s’il avait eu agrippé ce raisin.
Ne fit-il pas mieux que de crier comme un enfant
Quand il lui prend un caprice ?