Un renard s’étant glissé dans la maison d’un acteur, fouilla successivement toutes ses hardes, et trouva, entre autres objets, une tête de masque artistement travaillée. Il la prit dans ses pattes et dit : « Oh ! quelle tête ! mais elle n’a pas de cervelle. »
Cette fable convient aux hommes magnifiques de corps, mais pauvres de jugement.
Ἀλώπηξ πρὸς μορμολύκειον
Ἀλώπηξ εἰς οἰκίαν ἐλθοῦσα ὑποκριτοῦ καὶ ἕκαστα τῶν αὐτοῦ σκευῶν διερευνωμένη , εὗρε καὶ κεφαλὴν μορμολυκείου εὐφυῶς κατεσκευασμένην, ἣν καὶ ἀναλαβοῦσα ταῖς χερσὶν ἔφη· ” Ὢ οἵα κεφαλή, καὶ ἔγκεφαλον οὐκ ἔχει.”
Ὁ μῦθος πρὸς ἄνδρας μεγαλοπρεπεῖς μὲν τῷ σώματι , κατὰ ψυχὴν δὲ ἀλογίστους.
- Esope – (VIIe-VIe siècle av. J.-C)
Vulpis ad personam tragicam
Personam tragicum forte Vulpis viderat
O quanta species inquit cerebrum non habet!
Hoc illis dictum est quibus honorem et gloriam
Fortuna tribuit, sensum communem abstulit.
- Phedre – (14 av. J.-C. – vers 50 ap. J.-C.)
Le Renard et le masque de traître
Un Renard vit par hasard un masque de théâtre : « Belle tête! dit-il; mais de cervelle point. »
Ceci s’applique aux hommes que la fortune a comblés d’honneurs et de gloire, mais privés de sens commun.
- Fable de Phedre traduite par Ernest Panckoucke (1808 – 1886)
Le Renard et le Buste
Les grands, pour la plupart, sont masques de théâtre;
Leur apparence impose au vulgaire idolâtre.
L’âne n’en sait juger que par ce qu’il en voit:
Le renard, au contraire, à fond les examine,
Les tourne de tout sens; et, quand il s’aperçoit
Que leur fait n’est que bonne mine,
Il leur applique un mot qu’un buste de héros
Lui fit dire fort à propos.
C’était un buste creux, et plus grand que nature.
Le renard, en louant l’effort de la sculpture:
« Belle tête, dit-il, mais de cervelle point. »
Combien de grands seigneurs sont bustes en ce point !
- Jean de la Fontaine – (1621 – 1695)