D’un rossignol, un beau matin,
On fit don à Suzette; il fallait une cage
Faite avec soin, ornée, et digne enfin
De servir de palais au chantre du bocage.
On avait parcouru tout Paris, mais en vain,
Lorsque le jockey mit la main,
Par je ne sais quelle aventure,
Sur un ouvrage sans défaut,
Un chef-d’œuvre d’architecture
Exécuté sur les plans de Perrault .
Vite on y place Philomèle :
Suzette sautait de plaisir.
« Ah! mon bel oiseau, lui dit-elle,
« Que vous êtes heureux ! que vous allez jouir !
« Dieu ! quelle cage ! on y découvre
« Plus de beautés que n’en offre le Louvre.
« Le perroquet envira ce séjour.
« Bonne nuit, rossignol farouche,
« Demain je vous dirai bonjour. »
Suzette, dès l’aurore, abandonne sa couche…
Hélas ! elle est loin de prévoir
Le spectacle qu’elle va voir…
Philomèle à l’instant mourait désespérée.
Quand on n’a plus sa liberté,
Il importe fort peu si la cage est dorée.
Notre pauvre Suzette eut l’aine déchirée,
Et, pour deux jours, en perdit la gaité.
“Le Rossignol en Cage”