Denis Charles Henri Gauldrée-Boileau
Un savant, plongé dans l’étude,
Avait ses livres pour amis :
Il habitait aux champs, et de sa solitude
Le travail avec soin écartait les ennuis.
A la suite d’un petit-maître,
On les vit cependant paraître
Un beau matin en ce logis.
Ce petit-maître, à beaucoup d’arrogance
Joignait beaucoup de pétulance.
Le fat donna carrière à sa frivolité,
Accabla l’homme instruit du poids de sa gaîté ;
Le railla sur ses goûts, sur sa misanthropie,
Et sur l’étrange obscurité
Dont il enveloppait sa vie.
« Allons, cessez, dit-il, de faire le hibou,
» L’ours mal-léché, le loup-garou!
Mon cher, revenez à la ville ;
» Le mortel qui vit seul est un être inutile. »
» Monsieur, répliqua le savant,
» Je n’ai jamais été plus seul qu’en ce moment. »
Lorsque, formé par la nature
Pour la seule fatuité,
Un petit-maître est sans méchanceté,
Du rien exactement il remplit la mesure.
“Le Savant et le Petit-Maître”