Parmi les plantes d’un parterre,
Un Chardon s’était établi.
Le jardinier, pour l’ordinaire,
Chasse tels hôtes de chez lui :
Et je ne sais pas quel oubli
Il laissait subsister le piquant parasite.
Un Serpent, sous les fleurs, vint se cacher un jour.
Ami, dit le Chardon, as-tu l’esprit si lourd
Qu’il te laisse ignorer que ta tête est proscrite ?
Dangereux animal, retire-toi bien vite.
Dès que l’homme aux cent yeux nous ferait sa visite,
Tu serais écrasé. Si tu restes ici,
J’y puis bien demeurer aussi,
Répond au Chardon le reptile.
Point n’est ici d’homme aux cent yeux :
Qui souffre chez soi l’inutile,
N’y sait pas voir le dangereux.
“Le Serpent et le Chardon”