Bertrand, ce singe adroit que dépeignit si bien
L’inimitable La Fontaine.
À Raton, cet autre vaurien,
Dit un jour : — Frère, accours, une nouvelle aubaine,
Non de marrons rôtis, mais de friands gâteaux
Tout chauds,
A l’instant même se présente.
De notre commun maître, Annette, la servante.
Vient de sortir et de laisser
Ouvert le four de la cuisine :
Elle est avec une voisine
Au milieu de la rue à rire, à jacasser ;
Juge s’il nous sera facile
De faire notre coup à loisir celle fois.
Moins gros que moi, bien plus agile,
Tu pourras aisément pénétrer, tu conçois,
Par la bouche du four pour moi par trop petite.
Tu me jetteras les gâteaux,
Je les attraperai ; tout à notre aise ensuite
En amis nous irons les manger à huis clos.
— À d’autres, répondit le destructeur de rates ;
Sans me laisser goûter le plus petit marron.
L’an passé tu me fis brûler le bout des pattes,
Voudrais-tu maintenant, fourbe, insigne fripon,
Pour ton profil me voir rôtir comme un chapon ?
Crédules ouvriers, malheureuses victimes,
Dont veulent se servir d’éhontés intrigants,
Vous pour qui sont les coups et jamais les centimes,
Quand aurez-vous, hélas ! de Raton le bon sens ?
“Le Singe et le Chat”
