Gilles, singe de son métier,
A Raton, chat prudent, faisait sur ses souffrances
Maintes et maintes doléances :
« Au logis, disait-il, nul ne me fait quartier.
Qu’est-ce qu’en moi pourtant ils trouvent à redire ?
Je suis de bonne humeur, et je les fais tous rire.
— Ton métier, répondit Raton,
N’est, selon moi, ni beau ni bon ;
Tu pinces et tu mords ; et, si tu le remarques,
Il n’est aucun de la maison
Qui, non pour une fois, n’ait porté de tes marques.
Autre grief, tu contrefais les gens ;
En cela tu crois plaire, et ne plais à personne.
Tel en rit sur autrui, qui te la garde bonne,
Quand tu riras à ses dépens.
Talent très-dangereux, sur quoi que l’on se fonde,
Que celui de railler ; Gilles, c’est une loi :
Met tout le monde contre soi.
Qui fait du mal à tout le monde. »
“Le Singe et le Chat”