Un mulet fier et orgueilleux se promenait çà et là dans les champs. Il regardait les autres animaux avec mépris, parlait sans cesse de sa mère la jument, et vantait partout la noblesse de sa naissance et de ses ancêtres. Mon père, disait-il, était un noble coursier ; et je puis, sans vanité, me glorifier d’être issu d’une des plus anciennes familles, féconde en guerriers, en philosophes, et en législateurs. Il n’eut pas plutôt dit ces paroles, que son père, âne infirme et suranné, qui était près de lui, commença à braire, ce qui lui fit rabaisser le caquet, en lui renouvelant le souvenir de son origine et de son extraction. Là-dessus un singe, animal rusé, qui était là par hasard, lui dit en le sifflant: Imbécile que tu es, souviens-toi de ton père ; tu n’es que le fils d’un âne.
Parmi les personnes qui se vantent d’une noble extraction, dans les pays étrangers, il y en a dans le cas du mulet, et à qui on pourrait appliquer le sarcasme du singe.
“Le Singe et le Mulet“