En Chine, un animal, singe de son métier,
Crut, comme bien des gens, que, s’il changeait de cage,
Il changerait de personnage.
Profilant donc de l’heure où le saint du quartier,
Chez le peintre ou le charpentier,
Se trouvait en raccommodage,
Il se loge en sa niche et, composant son ton,
Du béat qu’il supplée, affectant l’air paterne,
Il se dit, on le croit, le patron du canton.
Le petit peuple se prosterne ;
Mainte dévote aussi. Cent fois j’ai rencontré
Mainte dévote aux pieds de saints de moindre étoffe.
L’exemple avait gagné, quand un jeune lettré,
Fils de Confucius, apprenti philosophe,
Avisant le magot qui, toujours méconnu,
De sa guérite parfumée
Humait les vœux et la fumée,
Lui donna cet avis, qu’on a peu retenu :
« Hors d’ici, que l’on ne te chasse,
« Sot qu’un plus sot vient adorer ;
« La place ne peut t’honorer,
« Et tu déshonores la place. »
“Le Singe et le Philosophe”