Jean-Joseph Vadé
Le bon cœur à l’esprit fut toujours préférable,
L’un a nombre d’amis, et l’autre presque point;
Quand l’esprit au bon cœur se joint
C’est encor mieux, on en est plus aimable.
Maître Bertrand, singe adroit et malin,
Singe à bons mots, fit un jour connaissance
Avec Robin mouton ami de Jean lapin.
Les voilà donc tous trois en bonne intelligence.
De son métier, Bertrand drôle de corps.
Les faisait étouffer de rire
Et devant lui les plus retors
Admiraient et n’osaient rien dire.
C’était un petit Despréaux,
Il avait fait une satyre
Contre de certains animaux
Qui se croyaient bien fins et n’étaient que des sots.
Écoutez, je vais vous la lire.
Leur dit-il en s’applaudissant.
On écoute…Après la lecture,
Comment la trouvez-vous?… Cela n’est pas plaisant.
Dit le lapin, craintif de sa nature;
Vous drapez le lion, le loup et le renard
Qui près de nous sont tous gens d’importance.
Ainsi nous aurons bientôt notre part
Aux traits mordans de votre médisance.
Bon! dit Bertrand, n’ayez peur. Fi donc;
Et qu’en pense Robin mouton.
Ah! dit Robin, je ne suis qu’une bête,
Car je n’aime que la bonté.
Peut-être suis-je malhonnête
De fuir ainsi votre société.
Mais Jean lapin et moi ne faisons point de fête
A qui doit son esprit à la méchanceté.
* Le Singe , le Lapin, et le Mouton