Un singe, voulant un jour rire aux dépens des autres animaux, prit une noix dans une main et une pierre dans l’autre, les serrant ensuite contre son ventre, et s’adressant à un âne : « Ce que je tiens, dit-il, est-il bon ou mauvais ?
— Bon, répondit l’âne sans hésiter.
—Bête, lui dit le singe, avec une grimace, regarde; c’est une pierre.
Après que celui-ci eut payé de cette manière le prix de sa sotte erreur, le singe s’adressant à un bouc, lui fit la même question.
— Mauvais, répondit le bouc.
— Imbécile, lui dit le singe, en se moquant de lui, vois ; c’est une noix.
Le bouc ayant aussi égayé le singe pour sa part, celui-ci s’adresse à un renard.
— Ce que je tiens, dit-il, est-il bon ou mauvais ?
— Questionneur importun ! lui répond celui-ci, montre-le moi, et je prononcerai.
“Le Singe railleur”