Le fils d’un bon fermier étant criblé de dettes,
Sans baiser le papa, ramassa ses miettes,
Et prit place au milieu du premier régiment
Qui passa tambour battant.
Quinze ans après il revient au village ;
Il est homme, il est sage.
Il a fait son chemin ; mais le père en courroux,
Dit, en l’apercevant : — « Eh quoi ! monsieur, c’est vous,
» Vous qui m’avez quitté, vous, dont l’ingratitude
» M’a laissé dans la solitude. »
— Mais, mon père. — « Non, c’est assez,
» Et retournez d’où vous venez ;
» Une semblable absence
» A préparé mon cœur à cette indifférence,
» Et ma patience est à bout. »
— Je croyais que le feu qui purifiait tout,
Dit le fils, en montrant ses blessures,
Sollicitait pour moi l’oubli de tant d’injures.
J’ai servi quatorze ans mon pays et mon roi.
— Oh ! dit le père, embrasse-moi :
Lorsque je t’ai donné la vie,
Tu la devais à ta patrie.
“Le Soldat et son Père”