Louis de Combettes-Labourelié
Poète, écrivain et fabuliste XIXº – Le soleil et la pluie
Un pâle rayon de soleil,
Dorant de son prisme vermeil
Le cristal tremblant de la pluie,
Disait : « Oh ! de toutes mes sœurs
La plus insupportable, essuie
Au plus vite tes tristes pleurs.
Chacun te maudit, et la terre,
Dès que tu tombes, prend le deuil.
Disparais : tu verras l’accueil
Qu’aussitôt elle va me faire ;
C’est que j’apporte la chaleur,
La fertilité, la richesse,
L’éclat, le plaisir, le bonheur.
Tu n’apportes que la tristesse,
Crois-moi, fuis au plus tôt, ma sœur. »
Mais aussitôt, la pleurnicheuse
Lui répondit : « C’est ma fraîcheur,
Mon humidité précieuse
Qui tempèrent de ton ardeur
L’influence trop généreuse.
Je suis ton sage précurseur.
Ne me repousse pas, mon frère :
Sans moi tu brûlerais la terre,
Et tu ne serais plus qu’un fléau destructeur. »
L’âme a besoin parfois d’un instant de tristesse :
C’est sa pluie ; et si le bonheur,
Soleil du cœur humain, la réchauffait sans cesse,
Elle perdrait bientôt sa sève et sa fraîcheur.
Louis de Combettes-Labourelié (1817-1881), Le soleil et la pluie