Daniel Allemand
Fabuliste contemporain – Le Soleil et la Lune
Des deux candélabres des cieux
On en a fait des amoureux
Rétablissons la vérité
De l’ardente témérité.
S’ils ont tous les jours rendez-vous
C’est pour se toiser ; qu’ils l’avouent.
Et notre brave Terre
En supporte leur atmosphère.
La perte de clarté ne va point sans effroi
On observe la nuit, on oublie la lumière
Quand l’astre de Pierrot nous ramène la joie
De sa risette familière.
Du clair de lune à son acmé
Et du soleil le requiem
C’est le jour et la nuit, on ne croirait jamais
Que ce fut le même système.
L’une endort les enfants, l’autre éveille les gens
Douce, elle est propice aux soupirs des amoureux
Vif, il est complice de l’amour résurgent
Feraient-ils la paire dans leurs rais généreux ?
Fi donc ! Disons qu’il n’en est rien
Par truchement de cette fable.
« Lorsque je nais, dans mon beau temps grégorien
Dit le soleil, la nature est multipliable
Et mon rayonnement sans faille. »
« Votre perfection en oublie mes influences
Sur jardins et cultures par mon beau travail
Aussi des rythmes et marées les conséquences.»
Répondit une Lune altière
Sûre d’elle, pleine et entière.
« Ma chère allocataire c’est de ma lumière
Dont vous profitez à votre aise ! »
« Pour réfléchir, Seigneur, je n’en suis pas peu fière
Dans les deux sens du terme j’en fais l’exégèse
La nuit par mes cycles et mes phases
De ma pâle clarté j’éclaire
Le sommeil, l’inconscient, les ombres sans emphase. »
« Ma belle, lui dit-il, vous ne manquez pas d’air
Peut me chaut vos émois et mois de lunaison
Sans fard, moi je fais les saisons,
La vie, vos quartiers, la mort
Je suis seule étoile d’harmonie et d’amour. »
« Vous faites plutôt matamore ! »
« Voilà vos ténébreux atours ! »
« Pour n’avoir jamais voulu me brûler les ailes
En vous approchant de trop près ? »
« La nuit porte conseil, ma chère demoiselle
Je ne veux pas vous empourprer
Et pour autant qu’un jour vous me fassiez de l’ombre
Votre avenir n’est pas si sombre
N’oubliez pas qui vous éclaire. »
« Astre du jour, n’oubliez pas qui réfléchit ! »
Aucun ne jugea nécessaire
D’arrêter le temps. Personne n’avait fléchi.
Filait ainsi par leur ronde de tous les jours
Leur drôle histoire d’amour.
On a souvent peu d’importance aux yeux des autres
On le sait. Faut-il pour autant que l’on se vautre ?
Ou encore se voir châtier
Par un coup de soleil, ou bien lune de miel
En amour comme en amitié
Les illusions sont souvent essentielles.
Daniel Allemand
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