Un philosophe, au retour du printemps,
Se promenant seul dans les champs,
S’entretenait avec lui-même,
Il prenait un plaisir extrême
A méditer sur les objets divers
Qu’offrait à ses yeux la nature,
Simple en ces lieux et belle sans parure.
Vallons, coteaux, feuillages verts
Occupaient son esprit. Un quidam d’aventure.
Homme fort désœuvré, crut que, semblable à lui,
Ce solitaire était rongé d’ennui,
« Je viens vous tenir compagnie,
Dit-il en l’abordant. C’est une triste vie
Que d’être seul. Ces champêtres objets,
Les prés, les arbres, sont muets.
— Oui, pour vous, répondit le sage,
Mais, pour moi, ces objets ont chacun leur langage.
Soyez détrompé sur ce point,
Vous me forcez à vous le dire :
Si je suis seul ici, beau sire,
C’est depuis que vous m’avez joint. »
“Le Solitaire et l’Importun”