Un soir, sous un berceau, quelqu’un voyant dormir
Un tyran qui passait sa vie
A tourmenter autrui pour l’unique plaisir
De contenter sa barbarie,
Ne put s’empêcher d’en gémir :
Ce scélérat, dit-il, dort d’un aussi bon somme
Que pourrait faire un honnête homme :
Dans ce repos si doux et si peu mérité
Je ne reconnais point la céleste équité.
Un vieillard l’entendit : — Tremble qu’il ne s’éveille,
Lui dit tout bas cet homme, et grâces aux dieux
De ce qu’en attendant la paix règne en ces lieux :
Le crime dort tandis que le tyran sommeille.
Les dieux, lorsque la nuit brunit l’émail des champs,
Et noircit le palais des villes,
Accordent quelquefois le sommeil aux méchants,
Afin que les bons soient tranquilles. »
La fable ressemble fort au “Sommeil du tyran” d’Antoine Bret.
“Le Sommeil du Méchant“