Un sourd étant dans un de nos concerts,
Aux chanteurs aussi bien qu’aux airs
Prodiguait tour-à-tour l’éloge ou la censure ;
Il battait même la mesure,
Et la battait tout de travers.
On l’observe, on l’entoure ; et puis chacun de rire :
Enfin, quelqu’un lui dit, ou plutôt lui cria :
« Monsieur le sourd, d’où vient ce fantasque délire ?
Vous ne pouvez rien entendre à cela,
Vous prendriez l’alléluia
Pour la fauvette de Zémire. »
« Pourquoi s’étonner de ce cas ?
Réplique alors le sourd aux gens qui l’environnent ;
J’en vois cent parmi vous qui tous les jours raisonnent
Des choses qu’ils n’entendent pas. »
“Le Sourd”