Un jour, le roi des animaux
Ayant visité ses bureaux,
Et jugé d’un regard sévère
Les actes de son ministère,
Prit le parti de tout le rejeter,
Et d’en prendre un nouveau ; mais, voulant éviter
De maint solliciteur la demande importune,
Et ne sachant comment choisir,
Il s’en remit à la fortune,
Et fit tirer au sort, tout, jusqu’au grand vizir.
Qu’arriva-t-il ? la chose est claire :
Plus d’un lièvre fut général,
Plus d’un âne occupa la chaire,
Et l’on vit plus d’un tribunal
Où l’on chargea les loups de rendre la justice.
En dépit du respect, ce moyen fut traité
Tout bonnement d’absurdité.
Que ce soit par le sort ou bien par le caprice
Des peuples, des grands ou des rois,
Que soient distribués ou donnés les emplois,
Le résultat souvent doit paraître le même ;
Hélas ! nous avons vu triompher ce système,
Sous le règne d’un seul ou le règne de tous ;
Mais ceci, cher lecteur, doit rester entre nous.
“Le tirage au sort”