Un tournesol suivait l’astre du jour ;
Du lever au coucher, le roi de la nature
Toujours dans ses rayons voyait même figure,
A la part des bienfaits, sans cesse au premier tour.
Près de la plante à la tête mobile,
Un petit pied de camomille
Sollicitait le plus faible rayon,
Que lui cachait, toujours, la fleur au large front.
Ta coupe est bien assez dorée,
Disait rutile et l’humble fleur,
Permets qu’uni regard de faveur
Vienne adoucir ma misère ignorée.
Laisse-moi voir un peu ce soleil du printemps :
Ah! si des malheureux il connaissait le nombre,
Privé de ses bienfaits et languissant dans l’ombre.
Hélas! nous n’aurions pas à gémir si longtemps !
Mais on dérobe à sa lumière ,
Ces innombrables fleurs qui rampent sur la terre;
Et, ne pouvant du ciel descendre jusqu’à nous,
Ses rayons bienfaisants passent d’abord par vous.
Dieu sait ce qu’il nous reste après votre partage !
Tous les soleils cachés dans l’infini des cieux
Embraseraient en vain vos fronts ambitieux,
Qu’on gèlerait encor sous votre ardent feuillage,
La camomille, à ce discours,
Se tut, hélas ! et pour toujours;
Le soleil n’en sut rien; que de faits il ignore !
Car celui-ci n’est rien encore.
“Le Tournesol et la Camomille”