Auguste-Alexandre Simon, militaire, homme de lettres, né à Ajaccio, en Corse, en 1791, décédé en 18??.
- Le Roman et la Fable
- Hommage à l’inimitable Jean de La Fontaine
- La Violette
- Le Lévrier et le Lapin
- Le repas des grands animaux
- Le Tournesol et la Camomille
- Le Sage et la Mode
- Le Paon et le Rossignol
- La Grenouille et la Cigale
- Le Loup
- L’Ambition et la politique, fable de Simon
Notice sur la vie de Auguste-Alexandre Simon.
Un mot de ma vie: ce ne sera ni long, ni bien intéressant. . Je n’aurai prouvé qu’une chose c’est que l’homme, quel qu’il soit, pour conserver sa force, sa santé, sa moralité, doit donner toute son aptitude au travail et, dans ses moments de loisir, chercher à s’instruire. C’est assurer l’avenir de la jeunesse, la considération de l’âge mûr, la consolation, le délassement de nos vieux jours,
Je suis né à Ajaccio, en Corse, en 1791. Ma mère était artésienne, mon père, lorrain, sergent au 42e de ligne, mort au champ d’honneur en 1793, à l’âge de trente-deux ans, à Cagliari (Sardaigne.)
J’étais le plus jeune de cinq enfants, c’était débuter dans le malheur. Toute la France était alors frémissante d’enthousiasme pour défendre ,le sol de la patrie menacée par toute l’Europe coalisée contre une révolution qui ébranlait tous les trônes.
Un homme généreux, chirurgien-major du régiment, l’ami de mon père, pour sauver ses infortunés enfants, épousa ma mère.
L’expédition d’Egypte mettait à la voile, emportant une armée d’élite. Le 42e (dont je faisais partie en naissant) était au nombre des régiments destinés pour l’expédition. Mon beau-père partit pour ne plus revenir; il mourut en donnant ses soins aux pestiférés : c’était son champ d’honneur.
Ma mère, au désespoir, venait à Paris avec ses enfants; nous étions en 1804 ; j’avais alors treize ans. Je fus admis à l’Ecole des Arts et Métiers de Châlons-sur-Marne,
A dix-huit ans, j’étais reçu musicien dans le corps de musique des chasseurs à pied de la vieille garde impériale.
En 1809, je faisais, en cette qualité campagne d’Autriche.
En 1811, 1812, celle de Russie ; nous ne rentrions en France, après ce grand désastre, que 3 musiciens, sur 70.
En 1813, nous parlions pour la campagne de Saxe. En 1814, nous défendions, pied à pied, notre chère France, le désespoir dans l’âme, contre toute l’Europe coalisée !… vingt hommes contre un ; des trahisons, faisaient mettre bas les armes à cette poignée de Français, qui rentraient dans leurs foyers avec les honneurs de là guerre !… ,
j’avais alors vingt-quatre ans : il fallait soutenir ma mère, ma famille. L’Ecole de Châlons m’avait donné deux professions : l’horlogerie, la musique. Je me mis à l’étau ; c’est là que je commençai mes fables, un crayon à la main, un cahier sur mes genoux, sans autre instruction que nies quatre ans a l’école de Châlons, dont la moitié de la journée était employée à l’atelier, la lime à la main, l’autre moitié dans les classes. J’ai donc bien raison de demander l’indulgence à mes lecteurs.
A vingt-cinq ans, j’obtenais, dans un concours, mon admission dan? l’orchestre de l’opéra-comique en qualité de trombone, !Là encore, dans les morceaux où mon instrument n’était pas employé, je jetais, furtivement, mes pensées sur mon petit cahier.
Mes camarades d’orchestre firent des instances pour que je livrasse mes fables à l’impression.
Je cédai à leur désir, et peut-être bien aussi au mien ; j’ose dire que ce petit ouvrage fut bien accueilli.
En 1829, j’avais la douleur de perdre ma mère ; à quelque temps de là je me mariais.
Madame la comtesse de Bryas d’Hunolstein venait de perdre son mari, colonel des cuirassiers de la garde-royale. Veuve avec trois enfants en bas-âge, il lui devenait indispensable de prendre un régisseur ; elle daigna me charger de l’administration du domaine de Bryas.
Ma gestion dura dix années, après lesquelles M. Le comte de Bryas, fils, ayant acquis sa majorité, désira régir lui-même ses affaires. En 1842 je vins donc me fixer à Doullens ; ce fut pour moi une année de bonheur.
Un de ces hommes d’un noble caractère, voué au bien public, dont s’honore la Picardie, dont chaque jour, chaque heure de sa vie étaient marqués par un bienfait, M. le Vicomte Blin de Bourdon, député de l’arrondissement de Doullens, m’honora de sa confiance, de son estime : je lui donnai en échange tout mon dévouement.
La France depuis longtemps éprouvait des secousses continuelles.
L’aimée 1815 avait ramené les Bourbons sur le trône.
L’année 1830 renversait la branche aînée.
L’année 1848 détrônait la branche cadette et proclamait Sa République.
En 1849, un soulèvement populaire, formidable, menaçait de plonger la France dans une effroyable anarchie : Paris allait succomber. Un cri terrible, aux armes ! appelle les hommes de cœur au secours de la capitale. Soudain tous les départements s’ébranlent.
La garde nationale d’Amiens a l’honneur d’arriver une des premières aux barricades ; Boulions la suit de près, je me jette dans ses rangs. Le dernier refuge de l’insurrection, les barricades de la Villette sont enlevées; Amiens, Doutions, étaient à l’avant-garde, Paris était sauvé !
Dans cette même année, si grosse d’événements, le prince Louis Napoléon, Président de la République, vint à Amiens passer la revue de la garde nationale du département de la Somme. J’eus l’honneur de lui adresser ces paroles : « Je me nomme Simon, mon Prince; j’ai servi dans les chasseurs à pied, de la vieille, garde impériale ; M. Blin de Bourdon a dû vous parler de moi.— «. En effet, M. Blin de Bourdon m’a parlé de vous: nous avons eu la douleur de perdre cet homme de bien ; je lui avais promis de faire droit à votre juste demande; je vous accorde aujourd’hui la croix d’honneur en récompense de vos services militaires, » — Ce fut le plus beau jour de ma vie !
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Maintenant, mes chers lecteurs, vous méconnaissez ; lisez et jugez.
Auguste-Alexandre Simon