Je veux d’un jeune oiseau vous raconter l’histoire :
Écoutez, la voici, si j’ai bonne mémoire.
Un Tourtereau, l’air fier, un peu mutin,
Laissant son nid désert partit un beau matin.
Sa mère, qui cherchait alors sa nourriture,
Était loin de s’attendre à pareille aventure :
Tourterelle pourtant, hélas ! n’ignore pas
Que partout il est des ingrats.
A ses soins maternels, à son amour fidèle,
Au nid bientôt après revient la Tourterelle :
Elle voit, elle cherche, et pas de Tourtereau.
Qu’est devenu le jeune oiseau ?
Et la plaintive Tourterelle
Sur les arbres voisins gémit et le rappelle.
Cependant le soir vient, son fils ne revient pas !
« Mon absence, dit-elle, a causé son trépas. »
Mais voilà qu’elle entend du bruit sous le feuillage…
Son fils !… Il essuya les rigueurs de l’orage :
Il est meurtri, tout déchiré.
Sa mère le réchauffe… Elle avait tant pleuré !
« Mon fils, pourquoi fuis-tu ma couche hospitalière ?
« Pour quels autres plaisirs délaisses-tu ta mère ?
« Ah ! Pourrais-tu jamais oublier mon amour,
« Par quels soins assidus je t’ai donné le jour,
« De combien de baisers j’entourai ton enfance ?
« Sais-tu bien quels soucis me cause ton absence ? »
L’enfant écoutait, il pleura,
Et pour la nuit se corrigea.
Le matin, dès qu’il vit l’aurore
De ses rayons dorer son nid.
Sa mère, qui dormait encore,
N’entendait point… il repartit.
Le soir, quand il revint, mêmes mots, mêmes larmes.
Les sermens de sa mère apaisent les alarmes.
Sa mère des dangers toujours de l’avertir,
Et le jeune étourdi toujours de repartir.
Au milieu des feuilles nouvelles,
Un jour qu’il essayait ses ailes.
Sous des fils il se trouva pris…
Un enfant du village, attiré par ses cris,
Le saisit et le mit en cage.
Sa mère gémissait en vain sous le feuillage,
Car la prison d’osier ne s’ouvrit plus depuis.
Une mère en ce monde est un ange qui veille ;
Ses reproches sont des avis,
Et par sa bouche, enfants, c’est Dieu qui vous conseille.
“Le Tourtereau et sa Mère”