Sur les bords d’un ruisseau,
Un vieux lapin vénéré comme un sage,
Couché nonchalamment à l’ombre d’un ormeau,
Parlait à ses fils en bas âge
Des moyens d’éviter les pièges du chasseur.
« Mes enfants, disait-il, près du saule pleureur,
Non loin de ce mur en ruine
Que vous voyez au bas de ce rude sentier,
Depuis plus do dix ans j’ai creusé mon terrier,
Et dès lors j’ai sans peur trotté sur la colline.
Je me suis toujours ri du plus fameux limier ;
Et j’ai nargué la carabine !
Enfants, sans craindre le trépas,
Partout maintenant je chemine,
Et si vous voulez tous me suivre pas à pas,
Jamais messieurs les chiens ne mordront votre échine. »
Comme il disait ces mots, un chasseur apparaît
Avec un fameux chien d’arrêt
Qui fond sur le lapin, d’un coup mortel le blesse,
Juste quand celui-ci, le cœur plein d’allégresse,
Se croyait sûrement à l’abri du danger.
Souvent l’adversité vient pour tout déranger !
Au village comme à la ville,
Elle sait entrer en tous lieux,
Pour frapper à la fois et le jeune et le vieux:
Sans cesse elle se rit du plan du plus habile,
Nous montrant qu’ici bas tout bonheur est fragile!
“Le Vieux Lapin et le Chasseur”