La Cloche un jour disoit
A Zéphir qui passoit :
Que mon destin est beau ! voisine de la nue,
Sur le vaste horizon quand je porte la vue,
Je domine par-tout, & tout ce que je voi
Est au dessous de moi.
Je donne des lois à la terre ;
La nuit, dès que je par!e, eh ! vite on est debout.
Je n’ai qu’à dire un mot, & dans l’Europe entière ,
Pour m’obéir on quitte tout.
Je fus plus d’une fois redoutable au tonnerre ,
Et quand il s’approche de moi,
Loin de ressentir de l’effroi,
J’ose, pour l’écarter, lui déclarer la guerre.
Surpris de ce discours, Zéphir lui répondit:
Votre fort est flatteur; il est, sans contredit,
Gracieux autant qu’honorable ;
Mais, avouez-le moi (sans feinte il faut parler)
Par vous seule êtes-vous si fort recommandable ?
” Le Zéphir et la Cloche”