Quand le zèbre arriva du fond de l’Éthiopie,
Comme il venait de loin, chacun voulut le voir.
L’animal, ignoré dans sa triste patrie,
Pensait avoir bien fait de changer de terroir.
Or, on ne vit d’abord que ses longues rayures
Dont l’ordre, la couleur, surtout la nouveauté,
Formaient aux yeux surpris de plus d’une beauté
La plus superbe des parures.
On se bigarre à qui mieux mieux ;
Chacun s’habille en zèbre, et chacun est heureux.
Du zèbre cependant l’on compte cent merveilles ;
Il est, il a… d’honneur… il est prodigieux !
Mais enfin on ouvrit les yeux,
Si bien qu’on découvrit ses énormes oreilles ;
Et le zèbre, d’abord si prôné, si choyé,
Aujourd’hui, comme on sait, n’est qu’un âne rayé.
“Le Zèbre”